Cette semaine, dans la rubrique avis d’experts, j’ai le plaisir d’accueillir Vincent Dron*, fondateur de Victeris, société de conseil spécialisée en levées de fonds, cessions, transmissions et acquisitions.
J’ai demandé à Vincent de répondre à une question que beaucoup d’entre vous m’ont posé :
En effet, la plupart des dirigeants de PME se trouvent à un moment ou un autre confrontés au besoin de financer leur activité ou leur développement par des moyens extérieurs à l’entreprise. Parmi toutes les solutions possibles, il y a celle qui consiste à ouvrir son capital à un investisseur financier extérieur.
Sans transition, voici sa réponse :
Selon les caractéristiques de l’entreprise, l’investisseur n’aura pas toujours le même profil : du « business angel », souvent lui-même entrepreneur, qui apportera quelques dizaines ou centaines de milliers d’euros dans une société jeune, voire encore au stade du concept, au fonds de capital développement qui investira plusieurs millions voire dizaines de millions d’euros pour financer par exemple un développement international ou une stratégie de croissance externe, la situation semble très différente[1]. Et pourtant, il est possible de faire ressortir un certain nombre de points communs qu’il est important de bien comprendre pour juger si le recours à un investisseur en capital est la solution adaptée ou non au besoin de l’entreprise.
Faire appel à un investisseur en capital peut rendre méfiant un chef d’entreprise, a fortiori lorsqu’il détient une part significative du capital. Citons quelques-uns des arguments les plus couramment entendus :
Ces arguments, de nature à détourner a priori le chef d’entreprise de l’investissement en capital, sont en partie justifiés mais peuvent être largement tempérés ou contrés : par exemple le sujet de la dilution est certes une réalité, mais au-delà du pourcentage de détention, ne faut-il pas aussi considérer la valeur absolue de la part détenue ? Vaut-il mieux détenir 10% d’une société pérenne qui a une valeur de 50 millions d’euros ou 90% d’une société valorisée 1 million d’euros (plus fragile et dont les acquéreurs potentiels sont beaucoup plus limités) ? De même, le fait de rendre des comptes à ses actionnaires ne doit pas être vécu comme une limitation de pouvoirs mais plutôt comme un moyen de débattre des choix stratégiques avec des professionnels expérimentés, d’identifier d’éventuels écueils et avoir de meilleures chances de succès en définitive. Pourquoi un investisseur s’opposerait-il à la mise en place d’une stratégie gagnante pour l’entreprise ? Quant à expliquer et justifier ses choix stratégiques, rappelons-nous ce qu’écrivait Boileau : « Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément ».
Mais au fond, à quoi sert un investisseur en capital ? Il apporte de l’argent à l’entreprise, donc des moyens de développer son activité. Il investit en capital, ce qui procure des ressources stables pour l’entreprise. L’intérêt saute aux yeux de tout dirigeant à la recherche de financement. Mais au-delà de ces considérations, on peut mettre en lumière d’autres apports à l’entreprise et au dirigeant :
Ainsi, l’investisseur en capital peut aller bien au-delà du strict apport de fonds.
Faire appel à un investisseur en capital peut donc être séduisant. Toutefois, pour ne pas risquer de désillusions, il est primordial de garder à l’esprit quelques principes de base.
Il faut comprendre que l’investisseur s’est lui-même vu confier par des tiers tout ou partie de l’argent qu’il investit dans les entreprises et a dû prendre en contrepartie des engagements. Ces engagements sont la plupart du temps de deux ordres :
Cela signifie que même si les exigences de rendement diffèrent d’un investisseur à un autre, aucun ne sera prêt à perdre volontairement tout ou partie de l’argent investi dans l’entreprise. Un apport en capital n’est ni un don, ni une subvention !
La conséquence induite est que toutes les entreprises ne peuvent pas prétendre intéresser un investisseur en capital, soit pour des raisons structurelles, soit conjoncturelles. Au mieux peuvent-elles intéresser une catégorie d’investisseurs à un moment donné.
Enfin, même s’il investit en capital donc théoriquement sans échéance, l’investisseur financier n’a souvent pas vocation à y demeurer indéfiniment. Ainsi, après quelques années, il cherchera à céder sa participation. Les scénarios de sortie possibles sont nombreux, mais il faut que le dirigeant soit pleinement conscient de cette contrainte.
Faire appel à un investisseur en capital demande des concessions et comporte des contraintes mais peut aussi beaucoup apporter au projet d’entreprise. Il faut toutefois être conscient que cette solution ne convient pas à toutes les situations, et que le momentum est un élément fondamental. Selon le stade de développement de l’entreprise (et indirectement de sa valorisation estimée, qui a une conséquence immédiate sur la dilution au capital) et ses projets de développement, il peut être pertinent ou non de se lancer dans un processus de levée de fonds. Une fois ce processus lancé, il est très important de bien connaître les investisseurs potentiels, de bien cerner leurs contraintes, leurs attentes et d’apprécier la valeur ajoutée qu’ils sont en mesure de fournir à l’entreprise, au-delà du simple apport de capitaux. Enfin, avant de s’engager, il est essentiel de veiller à ce que les intérêts de l’entreprise, du dirigeant et des investisseurs soient parfaitement alignés et le demeurent pendant toute la période d’investissement, quelles que soient les circonstances.
[1] Pour des raisons de clarté, le sujet du crowdfunding/financement participatif n’est pas traité dans cet article car il recouvre des situations trop variées et nécessiterait une analyse spécifique. Nous écartons pour les mêmes raisons les sociétés cotées et plus généralement faisant appel public à l’épargne.
*Vincent Dron a plus de seize années d’expérience dans la finance, pendant lesquelles il est intervenu comme conseil dans des opérations de fusions-acquisitions, a eu des fonctions au sein de fonds de capital-investissement et eu également des responsabilités opérationnelles – et notamment de gestion et de réalisation d’opérations de croissance externe – au sein de sociétés en forte croissance. Il intervient aujourd’hui comme conseil dans le cadre de levées de fonds, cession, transmission ou d’acquisitions. En s’appuyant sur ses partenaires basés en Amérique du Nord, il travaille également sur des problématiques d’investissement ou de développement transatlantique.
Contact : www.victeris.com
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